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mercredi 22 juin 2022

Les vertus du neem, "l'arbre guérisseur"

Le neem est connu sous les noms de margousier ou encore de « lilas de Perse ».

L’histoire du neem est étroitement liée à celle de l’Inde où il porte le nom d’arishta, "arbre guérisseur" . Cité dans plusieurs manuscrits et ouvrages de médecine ayurvédique, il est l’une des sources les plus populaires de remèdes en médecine indienne. Plusieurs parties de l’arbre (feuilles, graines, écorce…) sont utilisées traditionnellement pour leurs vertus thérapeutiques. 
Gandhi croyait d’ailleurs en sa valeur bénéfique. Il conduisait ses réunions de prières sous un neem et mangeait quotidiennement du chutney confectionné à partir de ses feuilles.
Dans la mythologie hindoue, lorsque Garuda, l’oiseau sacré, vola Amrita, l’élixir d’immortalité, afin de sauver sa mère prisonnière, quelques gouttes tombèrent sur le neem, lui apportant toutes ses vertus. 
La première description botanique du neem est réalisée vers 1830 par Jussieu. Un siècle plus tard, c’est sa composition chimique qui suscite l’intérêt des chercheurs, qui isolent en 1970 la fameuse azadirachtine. Cette molécule, que l’on trouve en grande quantité dans ses graines, a été étudiée pour ses caractéristiques répulsives et insecticides. En effet, d’une part, ce composé permet d’éloigner les insectes, et, d’autre part, il empêche la croissance larvaire ainsi que le développement et la reproduction des insectes adultes. Ces propriétés se sont révélées efficaces sur une centaine d’insectes. La graine du neem est notamment populaire pour lutter contre le vecteur du paludisme et traiter la malaria. Son huile est un bon remède contre les poux.

La feuille et la graine du neem sont reconnues pour calmer les réactions allergiques, l’asthme, les hématomes, la dysenterie, la fièvre, la goutte, les maux de tête, les démangeaisons (varicelle), les calculs rénaux, le psoriasis ou encore les douleurs musculaires. Elles sont de plus réputées comme anti venin, vermifuge, etc.

D’autres parties de l’arbre servent en Asie à des applications diverses : les branches pour le brossage des dents et l’hygiène bucco-dentaire, l’écorce comme teinture – du fait de sa forte teneur en tanins.

En Inde, les feuilles du neem servent dans les librairies à éloigner les parasites des livres. 

L’huile de neem présenterait des pouvoirs antifongiques et antibactériens à large spectre. On lui attribue aussi des qualités hypoglycémiantes, employées traditionnellement pour traiter le diabète. Des études ont démontré que cette huile possède des fonctions antioxydantes et immuno- stimulatrices, lui promettant un avenir intéressant dans des traitements contre certains cancers.

La graine de neem aurait des vertus hypotensives, utiles dans la prévention des maladies cardiovasculaires. De nombreuses études sur les limonoïdes de la graine du neem indiquent un fort potentiel anti-inflammatoire et analgésique, exploité pour soulager les douleurs, notamment celles causées par l’arthrite.

Côté beauté 
La graine de neem offre des caractéristiques re structurantes idéales dans des soins pour peaux et cheveux abîmés. Antioxydante, la graine de neem peut entrer dans la composition de soins pour peaux matures et stressées.
Les feuilles sont récoltées à la main, séchées à l’air libre, puis réduites en poudre. Cette poudre assainit les peaux grasses et à tendance acnéique, et s’avère un ingrédient intéressant dans les shampooings et lotions capillaires pour lutter contre les pellicules. 
Elle pourra être employée telle quelle, en combinaison avec d’autres poudres pour réaliser éventuellement un shampooing sec, sous forme de cataplasmes, associée à un hydrolat par exemple, ou bien en macérât aqueux ou huileux pour la confection de crèmes ou de soins capillaires.

 Recette express : roll-on anti-boutons 
À l’aide d’une pipette, transférez, dans un roll-on de 3 ml, 1 ml d’huile végétale de neem, 1 ml d’alcool à 70° et 1 ml (environ 35 gouttes) d’huile essentielle de tea tree. Refermez le roll-on, puis secouez pour bien mélanger la préparation. Appliquez la bille du roll-on sur les boutons. Renouvelez 2 à 3 fois par jour, jusqu’à leur disparition complète.

Recette express : baume anti-poux
Dans un bol, mélangez 90 ml d’huile de coco, 10 ml d’huile de neem et 5 ml d’huile essentielle de lavandin super. Appliquez sur toute la chevelure. Laissez poser 30 minutes. Passez au peigne fin. Rincez à l’aide d’un shampooing doux. Renouvelez l’opération tous les 3 à 4 jours pendant 2 semaines pour que toutes les lentes soient éliminées.

Source : article de Sophie Macheteau "Le neem, la plante qui guérit de tous les maux" 18/03/2018


lundi 30 mai 2022

Tissage Ikat

L’ikat est un procédé de teinture et de tissage où les fils de chaîne et/ou de trame sont teints avant le tissage, après avoir été ligaturés en fonction des motifs à réaliser.

Cette technique serait apparue en Chine autour du VIème siècle, puis se serait répandue vers l’Asie du Sud-Est, l’Inde, le Moyen-Orient, le Japon, l’Afrique et l’Amérique Latine. 
En Inde, les techniques diffèrent selon les Etats. Par exemple, l’ikat de l’Etat d’Odisha est différent de l’ikat aux motifs précis de la ville de Patan dans l’Etat de Gujarat. 

Cette fabrication artisanale de textiles est reconnaissable par ses motifs souvent flous, ce qui est dû aux légers décalages des fils au moment du tissage. La technique de teinture est complexe car les motifs sont teints sur le fil avant le tissage. Le travail de préparation des fils nécessite donc plus de temps que la phase de tissage. La quantité de fils à utiliser doit être exacte car c’est la juxtaposition des fils, correctement teints, qui créera les motifs. Ces derniers apparaissent pendant le tissage. La technique de l’ikat est lente et méticuleuse et le travail, entièrement manuel, garantit un résultat unique. 

Ikat signifie nouer en indonésien. Au Japon, l’ikat est appelé « kasuri ». Dans les régions du monde qui travaillent selon ce procédé très ancien, sa confection fait partie intégrante de la culture et de l’histoire locale. On reconnaît un ikat de qualité à l’homogénéité de la coloration. Si le motif est plus clair d’un côté que l’autre, cela signifie que le tissu a été peint de manière superficielle. En Inde, l’ikat est traditionnellement un tissu de fête symbole de richesse et de prestige. 

Source texte : sculpture-peinture.fr

vendredi 27 mai 2022

Jamdani, son histoire

« … tissé à partir de notre souffle et de notre cœur… » Jasleen Dhamija Une tradition textile ancienne, délicate et vaporeuse du Bengale évoquée par les poètes impériaux, littéralement « air tissé », pour sa légèreté et sa transparence mystique.

JAMDANI s’appelait à l’origine Dhakai, d’après la ville de Dhaka du Bengale oriental, aujourd’hui Bangladesh, où elle a été exclusivement tissée à la main pendant des siècles. Le secret de sa beauté cependant pouvait être attribué à Phuti Karpas – une plante de coton soyeuse exceptionnelle exclusive à la région, qui s’est développée près des rives fertiles de la rivière Meghna. Dans sa forme la plus authentique, Jamdani désigne la mousseline, un fin tissu de coton, avec des motifs géométriques ou floraux tissés sur des métiers à main par des tisserands qualifiés de Rupganj, Narayanganj et Sonargaon autour de la capitale du Bangladesh, Dhaka. 


« Le tissu est comme les vapeurs légères de l’aube » étaient les mots de Yuan Chwang, érudit bouddhiste chinois et voyageur visitant l’Inde en 629-645 après J-C. Selon un voyageur ces étoffes étaient tellement fluides qu’il était possible de faire passer une longueur de 90 mètres au centre d’un anneau.

Le Jamdani atteint son apogée au cours du reigne moghole (XVIe-XVIIIe siècle), il fut nommé en persan d’après les motifs floraux trouvés dans le textile « Jam » signifiant fleur et « Dani » signifiant vase ou récipient. Pendant cette période de gloire, les motifs jamdani ont subi une fusion avec l’influence persane se mêlant aux sensibilités bengalis. 

En raison de la méthodologie laborieuse et minutieusement précise impliquée, seuls les aristocrates et les familles royales pouvaient se les offrir. Bien que les métiers à tisser utilisés soient simples, les détails du motif exigeaient beaucoup de travail et l’habileté et la délicatesse d’un maître tisserand pour les réaliser. 

Bien que le tissage soit fait par des musulmans, la plupart du filage était fait par des femmes hindoues. Ce qui est remarquable dans cette technique de tissage est que le modèle se développe presque à main levée sans croquis ni contour, une précision remarquable est exigée. 

Les boules de coton sont d’abord nettoyées avec les minuscules dents de la mâchoire du silure, un poisson cannibale des lacs et des rivières de la région, suivi de la filature. L’humidité était un facteur important pour étirer les fibres courtes de coton. Cette étape était réalisé sur des bateaux, tôt le matin ou en fin d’après-midi – les heures les plus humides de la journée. L’humidité dans l’atmosphère et la température jouaient un rôle très important dans la qualité fine du fil.  Le tissage de ce fil fin nécessitait un savoir-faire particulier car il était très lent et ardu, d’où le processus coûteux.

Le déclin du Bengali Jamdani et de la mousseline a commencé lorsque le sous-continent indien est passé sous le Raj britannique. Elle a fini par se perdre au profit des textiles européens moins chers produits par les usines. Au début du XXe siècle, la mousseline de Dhaka a disparu discrètement de tous les coins du monde, les seuls exemples qui subsistent étant précieusement conservés dans des collections privées et des musées. 

La partition du Bengale en 1947 divisa encore l’avenir du Jamdani. De nombreux tisserands hindous du Bangladesh qui choisirent de migrer vers l’Inde furent réhabilités au Bengale occidental. Le Jamdani a continué à être tissé à Dhaka dans ce qui était alors le Pakistan oriental, maintenant connu comme le Bangladesh. bien que sa forme plus fine ait été perdue. 

En 2013, l’UNESCO a déclaré l’art traditionnel du tissage de Jamdani « patrimoine culturel immatériel de l’humanité ».

Informations trouvées à l'exposition "A glorious past and a shining future of Dhakai Jamdani", Art Konsult, India International Centre, Delhi - septembre 2021.